Jamie elle a toujours été une princesse. Moi, à m'en rappeler, j'étais comme Cosette dans Les Misérables. Je regardais avec envie une poupée dans une vitrine que je ne pouvais pas m'offrir. A la différence de Cosette, j'avais mes parents, mais on ne roulait par sur l'or. Ma meilleure amie, elle, avait tout ce qu'elle voulait, quand elle me dit qu'elle avait eu un poney à son anniversaire j'avais les yeux qui pétillaient d'envie. Quand on allait au parc, elle avait toujours des belles robes et moi je devais faire avec des vêtements bas de gamme. Je ne pouvais pas me plaindre, j'avais déjà de quoi m'habiller. Combien de fois, le soir au bord de mon lit je n'ai pas prié pour avoir une vie comme elle ? Pourtant, personne ne m'a entendu. A Noël je n'avais qu'un cadeau, mais mes parents cassaient la tirelire pour nous rendre heureux moi et mon frère. Jamie, elle, avait tout ce qu'elle demandait, mais on ne pouvait pas dire que dans sa famille c'était la joie absolue. Car qu'est ce qu'il valait mieux avoir : une famille heureuse et unie avec peu de cadeaux ? Ou alors une famille déchirée mais où l'on était sous les cadeaux ? Je préférais la première option. Les gens se demandaient comment on pouvait être meilleures amies, que ce n'était pas possible. Pourtant, on s'entendait comme les doigts de la main, enfin du moins, c'était moi qui voyait ça. Au lycée, elle me snobait, restait avec ses amies pom-pom girl, et moi je restais avec le club de photographie. Mon appareil photo c'était vraiment la première chose que je m'étais achetée avec l'argent que je gagnais par des petits boulots et je le câlinais comme si c'était la chose la plus précieuse au monde. Pendant que Jamie me parlait de mode, de Gucci, de Chanel, moi je rêvais à des paysages que je voulais photographier. « Franchement tu pourrais m'écouter ! » Ça c'était Jamie, il fallait toujours l'écouter, comme si c'était la personne la plus importante de la Terre, et moi je devais me taire car ma vie était insignifiante pour elle.

« Et ce sera le plus grand des mariages ! Père a déjà réservé une luxueuse propriété dans le nord de l'Australie ! Ma robe sera dessinée par des créateurs ! » On était chez elle, elle m'avait convié moi et ses amies barbies. C'était il y a quelques mois. Elle a annoncé qu'elle allait se marier. La chance. Moi ma plus grande relation avait été avec mon oreiller. J'étais styliste culinaire, le genre à prendre des photos des plats de grands chefs pour leur nouveaux livres. J'avais été captivé par la cuisine mais il était hors de question de laisser tomber la photographie, donc mon professeur à l'époque m'avait orienté vers cette option et à présent je me plaisais et je gagnais bien ma vie, enfin le nécessaire. J'étais en train de la regarder, pour faire comme si cela m'intéressait et mon esprit vaguait ailleurs. « Abbie, il est hors de question que tu te ramènes en robe H&M à mon mariage tu entends ! » J'arquai un sourcil. Si cela ne tenait qu'à moi, je n'irai même pas à son mariage. Ses amies gloussaient et je ris jaune. « Jamie, j'ai une coiffeuse qui pourrait vraiment te plaire... Elle a travaillé avec les plus grands. » Bordel qu'est ce que j'ennuyais. Je vis un verre apparaître devant mes yeux. « Un verre ? » je regardais celui qui me la tendait et je souris. Il était bien mignon. « Adam, chéri, je ne savais pas que tu étais rentré. » Non sérieux ?! C'était lui qu'elle allait épousé ?! Il avait l'air bien trop normal pour qu'elle s'intéresse à lui. Je pris le verre alors qu'il se dirigeait vers Jamie. Cette fille avait vraiment tout. J'étais morte de jalousie, mais d'un côté, je ne voulais pas de cette vie de strass et de paillettes, je tenais à mes valeurs.