andrea "sage" clerke

"je suis pas un concept joel, je suis juste une fille paumée qui cherche sa propre paix intérieure. je suis pas parfaite !"

six mars 1999, coffs harbourg. une belle journée s'annonçait pour andréa. les syndicats ayant appelé à la grève en ce jour, elle n'avait que deux heures de cours le matin même au lieu de huit durant la journée. et cela suffisait à faire le bonheur d'une adolescente de quinze ans. en effet, elle s'était levée avec le sourire et chantonnait en se pomponnant car, grâce à ce mouvement, elle allait passer toute l'après-midi avec son petit-ami : joel, le plus beau garçon de tout le lycée. il était en terminale tandis qu'elle entrait seulement au lycée, mais il l'avait choisi. parmi toutes les filles qui désiraient être avec lui, elle avait été "l'élue". et ça, ce n'était pas rien pour andréa, qui avait tout fait pour qu'il la remarque : entrer dans le groupe des pom-pom girls, apprendre l'italien pour pouvoir lui donner des cours particuliers, révolutionner son style vestimentaire,... elle avait fait tous ces efforts pour lui plaire, sans en être ne serait-ce qu'un peu dérangée. dès qu'elle l'avait vu, à l'entrée de l'établissement, dans sa veste en cuir, entouré des personnes les plus populaires de la promo, elle l'avait voulu. elle avait senti comme des papillons dans son ventre, et n'avait pu détacher son regard de lui, observant le moindre de ses gestes comme s'ils étaient la perfection incarnée. elle était d'ors et déjà persuadée qu'il était le bon pour elle, et qu'elle n'aimerait jamais plus que lui... pourtant, en même temps, elle pensait ne jamais réussir à obtenir son affection. et nous voilà aujourd'hui avec une andréa propulsée dans le cercle des privilégiés, et détestée de toutes les filles car en couple depuis exactement un mois avec l'homme le plus désiré du lycée. en y pensant, elle se mit à sourire. eh, sage, c'est bien beau de rêver, mais t'as pas bientôt fini ? parce qu'on va être en retard au bahut ! sage est son surnom depuis la maternelle : avec une bande d'amies, elles avaient décidé de jouer aux sept naines, et elle avait été nommé "sage" par le groupe à l'unanimité. depuis, ce surnom est resté. sa sœur venait de frapper à la porte de la salle de bains en lâchant ces mots. andréa se dépêcha de ranger les quelques affaires qui traînaient et sortit. les deux filles allaient au lycée à pieds et ensemble chaque matin, comme elles l'ont fait pendant toutes leurs années précédentes. en effet, elles ne se sont jamais retrouvées dans deux établissements différents depuis l'enfance car les deux jeunes filles ont le même âge, à quelques mois près. cela s'explique simplement. la mère d'andréa ayant été diagnostiquée stérile, elle et son père avaient entamé une procédure d'adoption. et, à peine quelques mois avant qu'on leur ait annoncé que leur demande était acceptée, et qu'on leur confierait une petite fille d'ici peu de temps, sa mère avait appris sa grossesse. ayant toujours voulu une grande famille, ses parents avaient tout de même décidé d'adopter. et andréa et sylvia était particulièrement heureuses de ce choix. il n'y a pas meilleures amies qu'elles. la matinée passa à une lenteur incroyable, mais andréa passa un déjeuner très agréable avec son groupe d'amies, ce qui lui permit de retrouver sa bonne humeur. après cela, elle se rendit devant le lycée, au point de rendez vous que joel lui avait donné. et c'est là qu'elle le vit : il était accoudé à la fenêtre de sa décapotable, qu'il avait garée sur la place de parking la plus proche, normalement réservée à la directrice, et il lui faisait signe de venir s'y installer. elle sentit subitement ses jambes trembler, son cœur se mit à cogner dans sa poitrine et le sang ne devait pas réussir à monter jusqu'à son cerveau car elle ne trouvait plus aucun mot. ce qui est étonnant, pour une première de la classe. pourtant, elle se mit machinalement à avancer, et vint s'asseoir côté passager. joel lui donna un rapide baiser et elle eut l'impression de s'envoler loin tandis qu'il démarrait son engin. avant même qu'elle ait eu le temps de dire "ouf", la voiture s'arrêtait devant la plaine des amoureux. alors qu'elle s'apprêtait à sortir du véhicule pour s'installer sur la plaine, joel attrapa son visage et l'embrassa passionnément. ça n'était pas désagréable, mais n'ayant jamais connu ce genre de baiser, andréa commença rapidement à se sentir gênée : elle avait des difficultés à le suivre, et ne savait pas si elle faisait bien les choses, ou au contraire : mal. lorsqu'il la laissa respirer, elle s'éloigna légèrement, mais il ne sembla pas voir sa gêne, et déposa une main sur sa cuisse. main qu'il fit monter tout doucement jusqu'à ce que la belle blonde finisse par briser le silence d'une voix timide, les yeux rivés sur le tapis de sol. je ne me sens pas prête pour ce genre de... choses, tu comprends ? un ange passa avant que joel ne décide de répondre. je comprends... ces seuls mots suffirent à tirer un large sourire à andréa, qui plongea alors son regard dans celui de son bien aimé, soulagée. mais je ne l'accepte pas pour autant. si tu n'es pas prête, sortir avec toi ne me sert à rien. elle en eut le souffle coupé. c'était comme si tout son monde venait de s'écrouler subitement. ses yeux s'emplirent de larmes, mais elle refusa de les laisser couler. je te dépose chez toi ? demanda-t-il sans émotion. touchée en plein cœur, elle se contenta de lui adresser un signe de tête pour une réponse affirmative. la première déception amoureuse fait toujours mal, mais andréa a eu plus que mal, à ce moment : elle a réellement souffert. durant une semaine, elle n'a plus parlé et il lui fallut un mois avant qu'elle ne redevienne elle-même. surmonter ce choc a été très difficile pour l'adolescente... c'est sûrement pourquoi elle n'a eu que très peu de petits amis par la suite dans sa vie.

premier juillet 2012, coffs harbourg. c'était un jour comme les autres pour andréa, qui finissait d'emballer une paire de chaussures qu'elle avait récemment créée pour une mariée. depuis un peu plus d'un an à présent, elle avait ouvert sa propre boutique de chaussures, dans sa ville natale. elle y vendait ses créations, et offrait aux personnes la possibilité de fabriquer de nouvelles paires selon leur demande, et leurs envies. et la boutique tournait plutôt bien. elle finissait à peine de ranger les quelques affaires qui traînaient dans l'arrière boutique quand elle entendit la sonnette de l'entrée retentir et un homme appeler. il y a quelqu'un ? elle avança évidemment jusqu'au bureau rose qui servait d'accueil, et commença, le sourire dans la voix. bonj... réalisant qui venait d'entrer dans sa boutique, les mots restèrent coincés dans sa george. durant quelques secondes, andréa fut comme paralysée : la bouche entrouverte, elle le fixait, sans parvenir à dire un mot. lui aussi semblait surpris, et légèrement mal à l'aise. cela faisait des années qu'elle n'avait pas vu joel... à sa sortie du lycée, il avait disparu. parti faire ses études dieu sait où, elle l'avait presque oublié. elle passa une main dans ses cheveux et se racla la george, avant de se forcer à reprendre. bonjour, je peux faire quelque chose pour toi peut-être ? s'étant approché jusqu'au bureau, lui n'hésita pas pour répondre. à vrai dire, je viens chercher une paire de chaussures pour ma fiancée. à cet instant, andréa sentit que quelque chose se brisait en elle. elle n'avait plus de sentiments pour cet homme, et ce depuis longtemps. pourtant, cette nouvelle lui faisait l'effet d'un coup de poignard. elle se força à garder une certaine contenance, et lâcha, l'air détachée. toutes mes félicitations, alors. je vais chercher cela de suite. le revoir était semblable à revivre la souffrance et la honte ressenties des années auparavant. c'est pourquoi elle ne chercha pas à entamer une discussion, quelle qu'elle soit. ce ne fut que courtoisie et un au revoir bref, pas de quoi fouetter un chat. joel parti, andréa poussa un soupir, puis elle se remit au travail. la journée passa tranquillement et, alors que la fin de soirée arrivait et qu'elle travaillait sur une nouvelle création qu'elle comptait offrir à sa soeur en cadeau d'anniversaire, le téléphone sonna. sa première réaction fut de se demander qui pouvait bien appeler à sa boutique à une heure pareille. pour le savoir, il n'y avait logiquement qu'une seule chose à faire : répondre. sage's, bonjour ? sage's était le nom de sa boutique. euh... c'est toi, andréa ? elle connaissait trop bien cette voix pour ne pas la reconnaître. sa george se serra, mais elle n'attendit pas pour répondre, légèrement froidement. oui. il sembla gêné, et un moment de silence s'imposa avant qu'elle ne l'entende répondre. je suis désolée de t'appeler ainsi. mais, je viens de me disputer avec ma fiancée, et elle m'a viré de chez nous. je crois que... que c'est fini. et je crois que... que j'aurai besoin de parler. tu vois ? je comprends que ça paraisse bizarre, mais tu es la seule personne que je connais, ici. tu... tu en penses quoi ? qu'est-ce qu'elle en pensait ? bonne question... elle savait très bien que, si elle acceptait, elle finirait par souffrir. et pourtant, avant même qu'elle ne l'ait réalisé, elle s'entendit dire. ok... laisse moi le temps de me changer. on peut se retrouver au bar juste en face de ma boutique d'ici une vingtaine de minutes, ça te va ? sa gentillesse la perdra... et à peine eut il accepté qu'elle regretta ses paroles. mais, une parole est une parole, et elle se rendit au bar pour le voir dès qu'elle eut échangé sa tenue de travail pour un slim couleur jean associé à un haut blanc doté d'un gros nœud sur le devant et à une paire de ballerines blanches, également dotées d'un nœud, qu'elle avait fabriquée elle même. ses cheveux attachés en une minuscule queue de cheval, elle restait très jolie. le début de soirée fut un peu gênant, chacun ne sachant pas où commencer la discussion. mais, finalement, à force de temps, les deux apprirent à s'apprivoiser et finirent par ne plus s'arrêter de parler. elle n'aurait jamais pensé cela possible mais andréa passa l'une de ses meilleures soirées auprès de joel. il semblait avoir beaucoup changé, évolué, ce qui le rendait d'autant plus séduisant. évidemment, lorsque le bar ferma, étant donné que joel n'avait plus de toit sur sa tête pour le moment, la belle fit la bêtise de lui proposer son canapé. ils passèrent des heures à discuter de tout et de rien, de la vie en général. et, une chose en amenant une autre, il s'excusa du comportement qu'il avait eu, des années plus tôt. ce geste toucha énormément andréa. inutile de vous dire que le jeune homme n'eut pas à dormir dans le canapé ce soir là... (ec)
premier août 2012, coffs harbourg. discussion avec sylvia.

Spoiler:

et derrière tout ça: c'est moi.

prénom, pseudo: julie, cally ✿ âge: dix-huit ans ✿ où avez-vous trouvé le forum? bazzart power! ✿ un mot?