léo ismaël coosby

"captain fucking magic"

Les tailleurs de ma mère,
M'man n'était pas vraiment une fashionistas en soit. Certes, ses fréquences de shopping quotidien étaient légèrement plus élevées que la moyenne, mais pour autant elle n'en était pas devenue une accro d'la dépense. Question cosmétique, par contre, j'serai pas aussi indulgent. 'Faut dire qu'entre ses innombrables crayons (crayons à lèvres, crayons à yeux, crayons à sourcils, ...) et ses dizaines de palettes de fards à paupières multicolores, elle avait atteint un seuil assez critique de coquette-attitude. Mais vous savez quoi ? Môme, j'étais trop fier d'elle. C'était la plus canon des mamans. À côté d'elle et d'ses longs cheveux blonds, d'ses grandes jambes bronzées et d'son regard mielleux, les autres étaient invisibles. Totalement invisible. Ma m'man, c'était une sorte de déesse. Plus j'la voyais, plus j'en venais à m'demander si c'était pas l'une de ces sublimes reines qu'on voit dans les livres fantastiques, à la médiathèque. À un point tel d'ailleurs que j'me prenais pour le p'tit prince à la maison. D'où cet espèce d'égo surdimensionné que j'peux avoir lorsque j'me sens particulièrement puissant à cause d'un évènement x ou d'une situation y. Mais passons. Ma mère, c'était aussi un monstre des affaires, une tuerie ambulante capable de vous faire acheter tout et n'importe quoi. Son arme ? Elle vous balance des arguments indiscutables, le tout saupoudrés d'un charme inimaginable. Ma m'man de c'point d'vue là : c'est Satan. C'est l'Diable incarné. Elle a réussis à me faire adorer les épinards d'la cantoche en cinq minutes top chrono. Les épinards d'la cantoche, s'il vous plait.
M'fin, au fond, vous savez quoi ? J'sais pas comment elle fait. Ça doit être ça, l'fameux pouvoir des femmes. Et si vous voulez mon avis, c'est carrément flippant. J'crois qu'c'est pour ça d'ailleurs, qu'mes parents ont fini par divorcer, l'an dernier. Et aussi parce que la m'man, on la voyait plus trop à la maison. Peut-être bien qu'elle s'était lassée du pouvoir qu'elle avait sur mon père, et qu'elle s'est cherchée une nouvelle proie ? Qui sait. Dans tous les cas elle est à Sydney maintenant.

Les gâteaux de mon père,
Comment l'décrire ? Mon père fait un peu penser à Al, dans Malcolm. Vous voyez l'genre ? C'est l'papa lambda quoi, qui s'prend pas la tête, qu'a pas fait l'armée, qu'est pas un gros connard de riche, qu'est pas non plus un ancien junkie. Non. Mon père c'est plutôt l'style papa poule, mais en apparence seulement. En vrai, c'est carrément un fumier. S'il peut nous pourrir la vie, à moi et à mon frère, il le fera sans la moindre hésitation. Vous savez c'qu'il faisait quand j'étais môme ? Il m'préparait des petits cakes roses parfumés à la fraise avec une génoise goût vanille et des petites fleures de chocolcat blanc en guise d'ornement. Le truc bien fifille, vous voyez ? La honte quand j'ouvrais ma petite boîte à déjeuner, hein. Tiens bah en parlant d'cake, mon père est pâtissier. Une chance ? Non, absolument pas. Encore s'il nous faisait des petits dej de dingue le matin, j'veux bien. Mais non. C'pas du tout ça. Il nous exploite. Il nous fait travailler de force ! Vous voyez l'genre de travail ingrat qu'un employeur vous donne ? Style : la plonge, éplucher les patates etc. C'est exactement c'qu'il nous fait subir. Sauf qu'en prime, on n'est pas payés. Mon frangin arrive encore à s'démerder puisqu'il est majeur (il peut dire qu'il s'est trouvé un job, ou qu'il a un championnat d'surf) mais moi, non. J'suis condamné à malaxer à la main des kilos de pâte en vue d'en faire des gâteaux que des putains de gros achèteront pour s'empiffrer. Si j'ai la haine ? La question s'pose même pas. J'déteste mon père autant que j'l'admire.
Ouais, ouais, j'avoue, j'ai une légèrement pointe d'admiration pour lui. 'Faut dire quand même qu'il a la classe, parfois j'entends. Déjà, c'pas l'genre de père qui s'laisse aller, qu'a l'bide qui va exploser à cause des bières qu'il engloutit tous les soirs devant la téloche, ou qui fait plus rien d'son temps libre. Non non ! Mon p'pa, c'est un jeune dans sa tête. Quand on s'met à trois pour faire des conneries, c'est la bamboula dans l'quartier ! Pis il est vachement ouvert d'esprit, vous voyez ? Ok sur certains points c'est tolérance zéro, mais sur l'point d'vue humain, c'est un chic type. J'vous assure.

La planche de mon frère,
Mon frangin a hérité d'ce putain de côté emmerdeur qu'on retrouve chez mon père. Il est carrément dégueulasse avec moi. C'est toujours lui qui termine le rouleau d'PQ. C'toujours lui qui bouffe les trois quart des céréales. C'toujours lui qui oublie de fermer correctement l'bouchon des bouteilles d'eau. Et vous savez quoi ? Ce blaireau arrive à me faire porter l'chapeau à chaque fois ! À croire qu'il prend soigneusement le temps de faire chacune de ses magouilles pour mieux me descendre devant mon père la veille de faire les courses. Un vrai connard de première quoi. Mais attendez ! 'Croyais pas que j'lui rend pas la monnaie d'sa pièce. Entre nous, c'est limite une baston à la Rocky quand on s'fritte. Bon ok, c'toujours lui qui gagne mais j'vous ferez quand même remarquer qu'il fait dix centimètres de plus que moi, hein. Au moins, j'me laisse pas faire ! Et j'sais qu'un jour, j'arriverai à lui faire la misère.
Bon après, avoir un big bro c'pas non plus que des inconvénients hein. C'est vrai qu'la majeure partie du temps on s'prend l'choux pour des conneries, mais sinon on s'entend assez bien. C'lui qui m'a appris à faire du surf par exemple, ou qui m'passe ses vieilles fiches de lecture quand j'ai un devoir sur un livre qu'il a déjà étudié au lycée. Tiens bah, c'lui aussi qui vient m'déposer devant l'établissement quand c'est l'apocalypse dehors. Ou qui m'aide à faire mes anti-sèches. 'Fin voilà c'est des p'tits trucs comme ça qui font que quelque fois il peut être cool quand il veut.

Les encas d'Bernadette,
Bernie, c'ma plante carnivore. Mon père a jamais voulu qu'on adopte de chien parce qu'il était persuadé qu'on allait pas savoir s'en occuper. Du coup, il m'a acheté Bernadette. C'est un peu la mascotte de la famille, vous voyez ? Elle a son propre anniversaire, et tous les noëls ont lui change son pot. Quoi ? Hé ! Faute d'avoir un animal, au moins on a une plante. Une plante qui mange des araignées et des papillons, en prime ! Moi j'la kiff, c'tout. C'ma Bernie et personne n'y touche.

et derrière tout ça: c'est moi.

Prénom, pseudo lili, léo ✿ Age 16 ans ¾ ✿ Où avez-vous trouvé le forum? sur bazzart ✿ Un mot? j'aime les épinards de la cantoche de mon bahu, toc ✿