Rain Louve Rigbourd

"Knock Knock
Who's there?
Ada!
Ada who?
Ada burger for lunch!
"

J'ME PRÉSENTE JE M'APPELLE HENRI « J'ai pas de conseille à recevoir d'une fille qu'il s'appelle "Pluie". Si je te dis que mon dessin il est joli c'est qu'il est joli ! » Mes yeux se plongent dans les siens et je secoue la tête en virant au rouge tomate. Je sens le regard de mes nouveaux petits camarades de classes glisser vers moi et m'observer avec une curiosité non dissimulé. Mon regard descends et se pose sur son dessin, je grimace. Maman, Tobby les jumelles et moi venons d'emménager à Paris -ou de revenir aux sources d'après elle- et je me fais déjà des ennemis, super. Je pousse un long soupire avant de regarder légèrement intimidée la fillette qui me toise de haut. De longues boucles rousses cascadent sur ses frêles épaules blanches constellés de taches de rousseurs. Un petit regard vers la gauche, un petit regard vers la droite. J'inspire profondément et ferme les yeux une fraction de secondes. « Écoute PoilsdeCarotte, je dis pas que ton dessin est moche, je dis juste que tu devrais utiliser du bleu. Pas la peine de t'énerver comme...ça. » Choquée par ce que je viens de lui dire, je la fixe et reprends mon souffle. Parler vite pour ne pas réfléchir aux paroles que je prononçais. Son regard noir me fige sur place mais je ne détourne pourtant pas les yeux. Une petite fille pousse un petit cri et je devine que je suis tombée sur la reine de l'école, je grimace et maudit intérieurement toute la lignée Rigbourd pour m'avoir donné une tare aussi ridicule que la malchance à la naissance. Un long silence s'abat sur la salle de classe colorée et joliment décorée -ça me change de mon ancienne, celle de Londres. « Tu sais, t'as peut-être raison. Je vais essayer avec le bleu. Comment tu t'appelles Blondie ? » Je la fixe étonnée et après quelques secondes lui rends son sourire. Peut-être qu'en fin de compte je viens de me faire une amie.

J’VOUDRAIS BIEN RÉUSSIR MA VIE, ÊTRE AIME« Rainy... s'il te plaît. » Elle soupire mais ne lève pas les yeux trop occupée à bichonner son foutu arbre nain originaire du Japon -saleté de végétal, des années que je rêve d'y foutre le feu pour avoir ne serait-ce qu'un peu d'attention de sa part- alors forcément elle ne voit ni mon regard noir, ni ma moue ce m'énerve encore plus. « Laisse tes petites sœurs tranquilles pour une fois veux-tu ? Si elles ont envie de s'acheter des sacs en peau de crocodile, des manteaux en hermine ou même en mammouth elles font ce qu'elles veulent alors par pitié ne vas pas m... » Trop tard, qu'elle fasse la discussion à son fichu buisson. Avec un dernier regard meurtrier je quitte le jardin fleuri et coloré, prend l'escalier pour monter au premier retenant tant bien que mal mes pulsions meurtrières. Bam, d'un coup de pied j'ouvre la porte de leur chambre et d'un seul mouvement elles se tournent vers moi. Opale pousse un petit cri surpris tandis que son double maléfique, Lennon, s'empresse de cacher quelque chose sous la couverture de son lit sur lequel elle est assise. Je m'avance d'un, deux, trois pas et d'un geste brusque et sans la moindre délicatesse arrache la couverture puis saisit le sac à main en peau de crocodile et leur brandit sous le nez. « Espèces de... de... petites.. » Je me mords la lèvre et prends une inspiration pour ne pas hurler mais toute ma bonne volonté tombe à l'eau lorsque je vois Lennon qui se mordre la lèvre, retenant un gloussement. « ON A TUE UN ANIMAL POUR CETTE SALOPERIE ET CA TE FAIRE RIRE ? » Je secoue nerveusement le sac devant leur nez ce qui ne fait qu'accentuer leur hilarité qu'elles ne parviennent plus à contenir. « Riez seulement espèces d'idiotes! » Je jette furieusement le sac à main dans leur direction et m'approche à grands pas de la porte avant de me retourner. « J'espère sincèrement qu'un jour, vous vous ferez bouffer par un crocodile. » Ma voix n'est qu'un piaillement sur aiguë, la goutte d'eau qui fait déborder le vase, ne pouvant se retenir un moment de plus je les vois pliées en deux, hilares. Furieuse je tourne les talons et quitte leur chambre en claquant la porte de toutes mes forces au passage. C'est fou ce que je peux haïr cette famille patchwork parfois.

ÊTRE BEAU GAGNE DE L'ARGENT« Ouvre cette putain de porte ! » Mon poing s'abat de toutes ses forces contre le bois clair de la porte. Je lève les yeux au ciel avant de recommencer mon cirque une, deux trois fois. Le frère de Léonie qui se dirige vers sa chambre le lance un regard mi-effrayé mi-fatigué. Les Chamberlain sont habitués à mes crises de nerfs, à mes hurlements et mes ricanements d'hyène en chaleur. Depuis notre emménagement à Paris avec ma mère il y a de ça douze ans j'ai réussi sans même savoir comment à la faire rester plus d'un an dans la même ville à mon plus grand bonheur. Quitter Léonie m'aurait sans doute détruite. Ma mère n'est pourtant pas le genre de femme facile à convaincre loin de là. Écolo, hippie et immature, tenir plus de six mois dans le même pays est un exploit pour elle, douze ans relève du miracle. « LÉONIE JE DÉFONCE LA PORTE SI TU N'OUVRES PAS ! ET TU SAIS TRÈS BIEN QUE JE VAIS LE FAIRE. » Je n'entends qu'une insulte à mon égard - parle-t-elle de mes grosses fesses en leur demandant d'aller voir ailleurs si elle y est ?- Je pousse un grognement et me mets à hurler toutes sortes de noms d'oiseau dans l'appartement des Chamberlain lorsque j'entends un reniflement. Mon poing retombe mollement contre mon corps, je fronce les sourcils. Depuis la création de la Team Rocket - ou plutôt depuis ma rencontre avec Léonie, lorsque nous avions sept ans- je n'ai eu l'occasion de la voir pleurer que trois fois ce qui en douze ans est remarquable. La première était lors de sa mort de son poisson rouge Monsieur Bulle -ou Bully pour les intimes-, la deuxième était après une dispute avec son frère et la troisième était devant Bambi, notre film fétiche. Une claque, la vérité me fait mal, me brise le cœur. Elle pleure j'en suis certaine. « Léonie ouvre-moi. » Par chance elle ne se fait plus prier, grâce peut-être à ma voix qui est maintenant sérieuse chose rare chez moi. Elle ouvre au bout de deux minutes et je la retrouve les yeux rouges. Sans prononcer le moindre mot elle se jette à mon coup avant d'éclater en sanglots. Je passe plus d'une heure à essayer de lui arracher ne serait-ce qu'un petit sourire avec toutes sortes de grimaces les plus stupides les unes que les autres avant qu'elle ne parle enfin. « Je pars Louve. » Mon regard croise le sien, je fronce les sourcils et cligne des yeux. « J’ai besoin de changer d’air et je me suis dis que… » Elle fixe ses doigts avec une fascination toute nouvelle et alors je comprends. Un large sourire étire mes lèvres et j’éclate d’un rire franc – celui de la hyène. « C’est quoi ton plan ? Non parce que tu sais rien ne me retient ici. Tobby, Opale et Lennon n'ont plus besoin de moi, quand à mère et ses pousses de soja vont me manquer c'est sur, mais elle n’allait pas tarder à partir de toute façon. » Un mince sourire étire les lèvres de mon amie ce qui me réchauffe le cœur. Partir à l’aventure avec elle, ça promet d’être magique. Sa main trouve la mienne et elle s’y accroche comme à une bouée de sauvetage. C’est à cet instant précis que mes yeux tombent sur le teste de grossesse posée sur son lit. Ma gorge se noue et je lui broie littéralement la main.

et derrière tout ça: c'est moi.

Prénom, pseudo Annasun ✿ Age Dix-sept ans ✿ Où avez-vous trouvé le forum? Grâce à Bazzart chef! ✿ Un mot?